Un accompagnement vers la lecture plaisir avec la CSF

Club lecture

La CSF 38 anime depuis de longues années des ateliers destinés à accompagner des enfants de CP et CE1 dans leurs apprentissages de la lecture, avec une approche résolument ludique et ouverte.

 La CSF 38 (Confédération Syndicale des Familles - union départementale de l’Isère) anime depuis de longues années des ateliers destinés à des enfants de CP et CE1 sur certaines écoles du territoire de la Cité Educative. Ces ateliers se déroulent sur le temps périscolaire du soir, deux fois par semaine. Ils ont pour but d’accompagner les enfants dans leurs apprentissages de façon ludique, mais aussi de leur apporter une ouverture culturelle. 

Intitulés par le passé « Clubs Lecture », ces ateliers étaient alors inspirés par les programmes « Coup de Pouce Clé »  imaginés par l’Apfée. La CSF s’est progressivement émancipée de ce format pour développer d’autres projets : « Passe-Murailles » créé par l’association Comet’ en 2019-2020 autour du conte et de l’interculturalité et désormais « Citizens Graines » autour de la presse et des médias.

Bien sûr, l’accompagnement à la lecture conserve une place très importante dans ces projets puisqu’elle permet aux enfants de nourrir leur inspiration, d’avoir accès à des ressources, d’acquérir de nouvelles connaissances en lien avec les sujets qui les intéressent et à partir desquels ils composent leurs propres écrits.

Faire des élèves des acteurs de leurs apprentissages

En effet, au-delà de la lecture, nous souhaitons également accompagner les enfants afin qu’ils deviennent « auteurs » de réalisations concrètes : un album de contes illustré l’an dernier, qui a donné naissance au spectacle Boîte interprété par deux artistes professionnels, ou un journal papier cette année ainsi qu’un blog Internet qui permet de valoriser des contributions écrites et illustrées ainsi que des réalisations audio et vidéo.

Pour ces raisons, nous avons choisi de rebaptiser les « Clubs Lecture » et nous les appelons désormais «Atelier langage et expression ». Nous nous sommes rendu compte qu’il était très difficile de dissocier la lecture et l’écriture des compétences d’énonciation à l’oral.

Créer une véritable émulation collective

Toutes les écoles travaillent sur un même projet structuré et chaque groupe apporte sa pierre à la réalisation du projet commun. Progressivement, nous amenons les enfants à prendre conscience qu’ils font partie d’un projet plus global. À l’échelle de leur école dans un premier temps, puisque nous accompagnons toujours deux groupes par école, puis à l’occasion des publications du journal, ou encore au travers de temps de sorties et de rassemblements (moins nombreux cette année en raison du Covid 19) permettant aux enfants et familles de se retrouver. À certains moments nous organisons également une correspondance entre les groupes. 

Le travail collaboratif crée également une réelle émulation au sein de l’équipe d’animation : nous partageons nos expériences, nos idées et nos difficultés. Nous cherchons ensemble à améliorer notre projet à travers un processus d’autoformation constant : comment faciliter l’appropriation du projet par les enfants ? Comment répondre à leurs attentes et à leurs besoins ? Comment les sensibiliser à certains enjeux contemporains, tout en partant de leurs expériences quotidiennes ?

Notre approche de la lecture est également conditionnée par le choix des supports que nous utilisons. Elle s’articule davantage sur la lecture compréhension que sur la lecture déchiffrage. En effet, en dehors des 15 à 20 minutes que nous consacrons à l’aide aux devoirs et pendant lesquelles nous disposons des supports scolaires qui permettent de faciliter la pratique de la lecture, nous présentons des supports variés pour répondre aux intérêts des enfants.

Les supports scolaires ont l’avantage, le plus souvent, de bénéficier d’étayages : les voyelles et lettres muettes sont parfois d’une autre couleur, des signes graphiques permettent de matérialiser les liaisons qui doivent être prononcées à l’oral, etc. Les enfants, bien sûr, sont familiarisés avec ces repères visuels et cela permet de faciliter la lecture de déchiffrage. 

En dehors de ces temps de déchiffrage, nous utilisons des journaux et magazines pour enfants, des petits livres documentaires ou bien des albums jeunesse issus du fonds très important des bibliothèques de quartier. Ces supports, bien que donnés pour la tranche d’âge des enfants que nous accompagnons, ne sont pas toujours faciles d’accès. 

Un accompagnement vers la lecture plaisir

Cela nous amène donc à privilégier la « lecture compréhension » : c’est-à-dire que nous lisons ces textes à haute voix aux enfants et nous les interrogeons sur ce qu’ils ont compris. Nous pouvons alors les aider à intégrer le vocabulaire, à identifier les choix et intentions des auteurs, puis en variant les sources, nous tentons d’approfondir les connaissances sur certains sujets. 

Il n’est pas rare, toutefois, que les enfants réclament de lire par eux-mêmes depuis ces supports. Bien entendu, nous ne décourageons pas ces initiatives. Au contraire, les enfants déchiffrent alors les documents à tour de rôle puis les animatrices et animateurs relisent à haute voix les passages qui posent problème afin d’en favoriser la compréhension.

Il en va de même, à l’occasion des sorties bibliothèques, quand les enfants orientent leurs recherches en faveur de livres qui exigeraient des compétences en lecture qui vont au-delà des leurs. Nous sommes là pour les aider, les conseiller, leur faire remarquer que tel livre est peut-être un peu trop pointu, mais que tel autre, qui parle du même sujet, est plus abordable. 

Cette démarche consistant à laisser les enfants aller vers les livres qui les intéressent est précieuse pour nous parce qu’elle nous renseigne sur leurs centres d’intérêt. Chose qui n’est pas toujours facile à identifier au-delà des sujets qui font généralement l’unanimité : les dinosaures, les métiers, les moyens de transport, etc. 

Un temps de « météo » traditionnellement organisé en début de séance poursuit le même objectif : nous leur demandons de nous dire comment ils se sentent, comment s’est passée la journée à l’école, si certains sujets d’actualité ont retenu leur attention au cours de la semaine, etc. La régularité de cette « météo » permet de valoriser la parole des enfants et de veiller à ce que l’écoute soit réelle au sein du groupe à travers des structures que nous mettons en place dans le but que chacun·e ait droit à la parole. En début de séance, les animatrices et animateurs peuvent ainsi prendre conscience des envies, émotions et besoins des enfants et nous cherchons toujours à rebondir sur ce qui les anime pour nourrir notre projet et préparer les séances suivantes.

Au-delà de la pratique de la lecture, il s’agit aussi pour nous de transmettre le goût pour les livres, la curiosité pour les histoires et les sujets qu’ils renferment. 

Quelle plus belle réussite pour nous que d’entendre régulièrement des parents nous rapporter que leurs enfants, une fois passés par nos ateliers, ont entrepris d’eux-mêmes de faire la lecture aux plus jeunes de la fratrie ?"